NICOSIE
En grec: Lefkosia (partie sud de la ville) - altitude: 163 m ; population: 150 000
habitants.
La capitale de la république de Chypre s'étend au milieu de
la plaine fertile de la
Mésorée. Son éloignement de la mer en fait une ville très
chaude en été où la température atteint aisément 40-44 C. L'air est toutefois rafraîchi
par les cimes du mont Troodos voisin. Les monts de Kyrénia sont eux aussi en
vue, mais inaccessibles aux quelque 150 000 Chypriotes grecs de Nicosie, tout
comme est inaccessible la partie septentrionale de la ville elle-même. Depuis
l'invasion de la Turquie
en juillet 1974, Nicosie est une ville coupée en deux. La ligne de démarcation
la traverse d'ouest en est, du bastion de Rocca au bastion de Flatro, en barre
inexorablement le chemin de ronde de la vieille ville, spectacle à cet endroit
de barricades, sacs de sable, bidons d'huile rouillés et de maisons
abandonnées, qu'il est interdit de photographier. Les postes militaires grecs
d'un coté, les postes militaires turcs de l'autre, sont tenus à distance les
uns des autres par les casques bleus des Forces du maintien de la paix des
Nations Unies. La situation n'est pas sans évoquer Berlin.
Et, malgré cela, Nicosie est aujourd'hui une ville animée et
moderne qui grignote chaque jour davantage sur la campagne environnante.
Nicosie est le siège de la présidence de la République et le siège
archiépiscopal de l'église orthodoxe. Les Forces du maintien de la paix des
Nations Unies sont également basées ici. Les succursales des grandes banques
mondiales, celles des grandes sociétés internationales, les ambassades
étrangères, les hôtels et les immeubles de bureaux modernes prouvent pour le
moins que la partie gréco-chypriote de la ville continue de tenir son double
rôle de capitale internationale et de centre politico-économique de l'ile. A
contempler le lacis de venelles de la vieille ville depuis le chemin de ronde
des puissantes fortifications vénitiennes qui l'entourent, le promeneur aura
parfois l'impression que le temps s'est arrêté ici. Nicosie est par excellence
la ville des contrastes.
Depuis 1974 on n'arrive plus directement à Nicosie dont
l'aéroport est exclusivement utilisé par les troupes de l'ONU. Quel que soit le
lieu de vacances choisi, on prévoira une journée de visite à Nicosie.
Ville Ancienne Dès le troisième millénaire avant J. -C., le site de
l'actuelle Nicosie était déjà habité par l'homme. Au IIIe siècle avant J.-C.,
Leukos (Lefkos), fils de Soter le Ptoléméen, érigeait déjà des monuments en ce
lieu. C'est à lui que la ville, Lefkosia en grec, doit son nom. A l'époque
suivante, les villes du littoral reprennent l'avantage sur la ville
continentale. Son ascension commence véritablement à l'époque des raids et
razzias arabes des régions côtières et durera trois siècles (648-965 après
J.-C.).
L'âge d'or de la ville, appelée Nicosie depuis le XIIe
siècle, remonte aux Lusignan (1192-1489).
Capitale de l'île à l'époque byzantine, Nicosie s'étendait
alors à l'intérieur d'un périmètre de 14 kilomètres et, dès
le XVe siècle comptait 50 000 habitants et 250 églises.
Deux tremblements de terre considérables, la destruction et
la mise à sac de la ville par les Génois (1373) et les Mamelouks (1426) n'ont
que provisoirement affecté l'importance de la ville et la prospérité de sa
classe régnante. C'est de l'époque de la domination vénitienne que date la
consolidation des fortifications (1567-1570), aujourd'hui encore presque
entièrement intactes. Mais elles ne furent pas de taille à protéger la ville
des assauts de l'armée turque de Mustafa Pacha.
Après un siège de sept semaines la ville était turque; le
carnage avait fait 20 000 victimes.
Trois siècles de domination turque ont laissé l'empreinte de
l'Islam sur les édifices chrétiens. La cathédrale Sainte-Sophie, pourvue de
deux minarets, fut convertie en Selimiye Moschee, l'église SaintNicolas devint
le Bedestan, marché aux textiles.
En 1878,
l'Union Jack était hissé à Nicosie. Ce n'est qu'en 1960
que les Chypriotes réussirent à faire de Nicosie leur capitale. Mais, dès 1964,
la ville était singulièrement coupée en deux secteurs, grec d'une part, turc de
l'autre.
Les vieux quartiers Laiki Yitonia est le nom du quartier de la
vieille ville très pittoresque, dont la restauration a é achevée en 1983. On y
trouve quantité de bons restaurants et de boutiques. A la périphérie de Laiki
Yitonia s'élève le musée Levendis, consacré à l'histoire de la ville au
Moyen Age.
Ayia Phaneromini. Cette église, construite en
1872, possède une remarquable iconostase du XVIIe siècle.
Le palais archiépiscopal fut achevé en 1960 pour
célébrer l'indépendance de Chypre. C'est ici qu'a résidé Monseigneur Makarios
(Makarios III) comme le rappelle la statue commémorative placée devant le
palais en 1987. Partant d'ici, la rue Korais conduit directement au monument de
la Liberation. La façade nord du palais jouxte l'église Saint-Jean, Ayios Ioannis ,
intégrée à l'origine à un couvent de Bénédictins, lui-même construit au XVe
siècle et remanié au XVIIe siècle. On y verra de remarquables fresques du
XVIIIe siècle, partiellement restaurées; au-dessus du portail ouest, les armes
des Lusignan. Immédiatement à l'ouest de l'église s'élève le musee d'art
byzantin qui renferme la plus importante collection d'icônes de l'île. Les
icônes exposées recouvrent dix siècles de production (Xe-XVIIIe siècle), La
partie de l'ancien archevêché qui se trouve au nord de l'église Saint-Jean
abrite le musée d'art populaire chypriote. Dans quatorze salles de l'ancien
couvent des Bénédictins se répartissent les productions de l'artisanat local et
les témoignages des traditions populaires de l'île: mobilier, costumes
régionaux, sculptures sur bois, tissus faits à la main, céramiques, bijoux et
objets de la vie quotidienne de toutes les époques.
Le musée de la Résistance
offre un aperçu documenté de la résistance opposée par les
Chypriotes aux Anglais. Il est situé au nord du musée d'art populaire.
Panayia Khrysaliniotissa
Celui que le parcours des ruelles labyrinthiques de la
vieille ville ne décourage pas ira visiter l'église Khrysaliniotissa. Dans le
bâtiment érigé au carrefour des rues Odisseus et Arch. Philotheus, dont la
partie la plus ancienne date de 1450, se trouve une belle iconostase.
La maison de Haji Georghakis Kornesios. La plus
ancienne des maisons turques de la ville est aujourd'hui transformée en musée.Elle s'élève dans la rue du Patriarche Gregorius.
Mosquée Omerye. A l'origine église chrétienne du
XIVe siècle, elle fut convertie en mosquée par les Turcs en 1571. Il est parfois possible de monter au sommet
de son minaret.
Il serait dommage de quitter la vieille ville sans avoir
circulé - au risque d'être un peu bousculé dans la rue Ledra, qui est sa rue la
plus commerçante. Place Eleftheria (place de la Liberté) on pourra une
dernière fois contempler l'enceinte fortifiée construite en 1567 à 1570 par
les Vénitiens, et tenter d'imaginer ce qu'elle a pu signifier par le passé.
Quantité d'édifices magnifiques de la vaste Nicosie médiévale des Lusignan ont
été sacrifiés au profit de ces murs d'enceinte, conçus par Ascanio Savorguano.
Avec un périmètre de 5
kilomètres environ, onze bastions et, il l'origine,
trois portes seulement (les portes de Paphos, Kyrénia et Famagouste), ces
remparts n'ont pas eu raison du siège turc. L'importance de la circulation il
l'époque moderne a rendu nécessaire la percée de nouveaux accès.
L'impressionnante porte de Famagouste abrite une maison de la culture.
Les centres d'intérêt sont pour la plupart situés dans la
partie septentrionale de la vieille ville A proximité de la ligne de
démarcation s'étend le quartier d€s maronites (13), chrétiens orientaux qui
reconnaissent l'autorité de Rome.
Le musée de Chypre
Situé rue du Musée, entre l'avenue Homère et la porte de
Paphos, c'est un musée de réputation mondiale. La visite des collections,
présentées dans 14 salles, demande un minimum de trois heures.
Salle I: objets dégagés par les fouilles de Khirokitia en
particulier, site occupé par l'homme au néolithique et au chalcolithique,
5800-2300 avant J.-C.
Salle II: céramique de l'époque du bronze ancien, 2300-1850
av. J.-C.
Salle III: l'évolution de la céramique chypriote de l'époque
Couvrant l'entre-deux du bronze moyen il l'époque romaine. Trouvailles de
l'époque du bronze et de l'âge de fer, 1850-1600.
Salle IV: Statues de terre cuite archaïques provenant du
temple d'Ayia lrini.
Salle V: statues de pierre et de marbre (de l'époque archaïque
à l’époque romaine). Remarquable statue en pied de l'Aphrodite nue de Soli, Ie
siècle avant J. -C.
Salle VI: statues de l'époque romaine. Colossale statue en
pied (bronze) de l'empereur romain Septime Sévère, 193-211. Célèbre Éros
endormi de Néa-Paphos. Tête de jeune homme en bronze de Soli, IIe siècle après
J. -C.
Salle VII: bronzes. Casques des époques archaïque et
hellénistique.
Portrait de l'empereur Claudius.
Tête de Zeus Amnon aux yeux incrustés d'argent, 300-200
avant J.-C. Objets récemment dégagés dans les tombeaux de Paléa-Paphos, XI-VIDe
siècle avant J.-C. Rhyton sur quatre roues (époque mycénienne, XIIe siècle
avant J-C.).
Ravissante collection d'objets en verre (XIVe siècle avant
J. -C., époque romaine).
Salle VIII: (entresol) : maquettes de tombeaux de différentes
époques (3000-400 avant J.-C.), illustrant les rites d'ensevelissement à
Chypre.
Salle IX: (entresol) : mobilier funéraire et sarcophages de
différentes époques.
Salle X: (entresol) : entre autres inscriptions et mobilier
funéraire; horoscope du 1er siècle avant J.-C.
Salle XI: (premier étage) : mobilier funéraire d'apparat de
la nécropole royale de Salamine (tombeau 79), lit en bois et trône en bois avec
incrustations d'ivoire, début du VIII siècle avant J.-C. Étrange chaudron en
bronze sur trépied de fer au bord décoré de huit griffons et de quatre sirènes
à deux visages (tombeau 79), fin du VIII siècle. Harnachement constitué
d'éléments en bronze, fer et ivoire; ferrures en bronze d'un char en bois.
Statue en bronze du dieu cornu de la fécondité, provenant d'Engomi (XIIe siècle
avant J-C.).
Salle XII: Salle consacrée aux expositions temporaires et
aux trouvailles archéologiques les plus récentes.
Salle XIII: statues en
marbre de Salamine datant des époques hellénistique et romaine, notamment
Apollon joueur de lyre.
Salle XIV: Figures en
terre cuite de l'époque du bronze ancien à l'époque hellénistique. Masques, figures
votives. Au milieu de la salle, figures de terre cuite provenant de Marion,
(l'une des neuf cités-royaumes) IVe siècle avant J-C. Le permis de
photographier peut être obtenu s'il a été demandé par écrit.
Restaurants Date Club, 2, rue Th. Dervis ; Ekali, 1, rue St-Spyridon;
English Pub and Caruery (vin, bière et viandes froides), 3, rue Pégase.
Greek Tavern, avenue Grivas Dhigenis; Theos Tavern
(chypriote), 59, route de Larnaka; Grekos (chypriote), 3, rue Menandrou;
Kavouri (fruits de mer), 125, ave, nue Strovolos ;
Psarolimano (pois. son), 142, avenue de Limassol; Al Manar (cuisine arabe), 39,
rue Th.
Dervis; Pagoda (chinois), 11, avenue Lauci Acrita.
Soirées
Africana, 1, rue Michali Paridi;
Galaxy, 44, rue Patatsou ; Scorpios, 3, rue Stasinos ;
Neraida, avenue Grivas Dhigenis ; Crazy Horse (cabaret), 186, avenue Homère;
Elysee (bouzoukia, musique et danses grecques), avenue
Evogoras;
Fraktis (bouzoukia), route Nicosie Limassol.
Achats
Service d'artisanat chypriote, avenue Athalassa et avenue
Laiki Yitonia. Il est intéressant de faire ses achats rue Lédra dans la vieille
ville, et rue Makarios ID dans la ville moderne. Nous recommandons
particulièrement les tissus anglais, les costumes sur mesures, les textiles,
les chaussures, les vêtements de cuir et les bijoux.
Manifestations
En mai foire commerciale internationale ; festival d'art
dans la vieille Ville en septembre; le dimanche, courses hippiques à Ayios
Dhometis.
Tamassos (22
km)
Après avoir traversé Kato Lakatamia et Kato Dheftera on
atteint, par une bonne route, le site ou s'élevait autrefois l'une des plus
anciennes villes de l'île, Tamassos. Les vestiges des fondations de la ville,
dont Homère a vanté les ressources cuprifères, sont partiellement recouverts
par les villages de Pera et de Politiko. A Politiko, l’archéologue allemand
Ohnefalsch-Richter a dégagé, en 1890, deux tombeaux du VIe siècle avant J.-C.
L'architecture et l'ornementation des chambres funéraires troglodytes indiquent
à l'évidence que des notables, et vraisemblablement les rois de Tamassos,
étaient ensevelis ici. Non loin du village de Politiko s'élève le monastère
d'Ayios lraklidios (Saint-Héraclide) dont l'architecture actuelle date de 1759.
Héraclide, saint et martyre, fut le premier évêque de
Tamassos.
Monastere de MakhRras ( 42 km,alt.885 m)
Plus loin, par une route en lacets difficile, après avoir
traversé Kambia, on atteint - au pied du sommet de Kionia (1420 m) - le monastère de
Makhéras (makhera = coutelas : à l'origine du couvent: une icône miraculeuse de la Vierge
frappée d'un coutelas). Celui-ci fut érigé au XIIe siècle, servit de refuge à
la famille royale pendant l'épidémie de peste du XIVe siècle, fut détruit par deux
incendies: le premier en 1530, le second en 1892. Il fut ensuite reconstruit
dans son style d'origine- Il a joué, à partir de 1955-59, un rôle important
dans la résistance chypriote contre les Anglais. C'est à proximité du
monastère, dans une grotte cachée de la montagne, qu'a été brulé vif le
résistant Grigoris Afxendiou, qui refusait de se rendre.
Perakhorio (17 km),
800 habitants
Ce village est situé au sud de Nicosie, sur la route de
Limassol. A l'ouest du village, sur une petite colline, s'élève l'église
byzantine d'Ayii Apostoli (des Saints-Apôtres) ou l'on peut voir des fresques
intéressantes datant de la fin du XIIe siècle, restaurées il y a fort longtemps
déjà.
Peristerona (28 km),
1 200 habitants
Ce charmant village situé à l'ouest de Nicosie, sur la route
des stations thermales du mont Troodos, se flatte de posséder une imposante
église en briques, à cinq coupoles, du XIe siècle que le touriste reconnaîtra
pour l'avoir vue sur tous les présentoirs de cartes postales de l'Île. L'église
est dédiée aux saints Barnabé et Hilarion. On peut déplorer l'excès de zèle
manifesté dans la restauration de l'intérieur qui mérite néanmoins la visite
pour son iconostase du XVIe siècle.
Dans la partie occidentale du village, l'église Ayia Barbara
contient de belles fresques du XVIe siècle.
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