LIMASSOL et ses environs
LIMASSOL, deuxième ville chypriote, s'étend sur le littoral
méditerranéen de l'île. Le nombre de bateaux ancrés dans la baie d'Akrotiri
indique qu'il s'agit ici du premier port de Chypre. Cette situation est
nouvelle. Depuis 1974, la population a elle aussi presque doublé, ayant en
effet intégré 43 000 réfugiés chypriotes grecs du nord de l'île.
Naguère contre commercial, industriel et administratif,
cette capitale régionale s'oriente chaque jour davantage vers le tourisme.
A l'est, jusqu'à Amathonte, la côte est bordée d'hôtels et
villages de vacances de construction récente. La position centrale de Limassol
- à 72 km
de Paphos, 64 km
de Larnaka, 81 km
de Nicosie et 54 km
du mont Troodos - favorise cette évolution.
Les habitants de Limassol sont des hommes à l'esprit ouvert,
heureux de vivre et l'on vient de l'île entière assister à leurs fêtes
(carnaval au printemps, fête du vin à l'automne). Limassol est le centre
vinicole de l'île.
Les autres branches importantes de l'industrie implantées
ici sont les raffineries de pétrole, les fabriques de limonade, les usines de
traitement des noix de caroube et les conserves de fruits. Nul vestige
d'antiquités dans ce panorama, mais une physionomie moderne des plus
attrayantes: une large avenue bordée de magasins traverse les nouveaux
quartiers. En bordure de mer s'étale la vieille ville avec ses ruelles étroites
et ses restaurants populaires'; sur la promenade du front de mer, longue de
plusieurs kilomètres, s'élèvent de grands eucalyptus et les jardins fleuris
alternent avec les cafés, les clubs nautiques, les discothèques et les hôtels
de toutes catégories; c'est également là que ce trouve un parc et un jardin
zoologique. Les paysages de l'arrière-pays sont variés et l'amateur d'histoire
et d'archéologie y trouvera de quoi satisfaire sa curiosité.
Limassol ( 110 000 habitants)
Histoire
S'il n'y a en ville qu'un seul monument - hérité du XIVe
siècle - à visiter, on ne peut conclure pour autant que Limassol est une ville
sans passé historique. La fondation de Limassol remonte au deuxième millénaire
avant J.-C., mais l'occupation du site est longtemps restée fantomatique car ce
n'est qu'au Ve siècle que l'empereur Théodose II l'éleva au rang de cité et la
baptisa du nom de Théodosias. Deux siècles plus tard, Théodosias succombait
sous l'assaut des Arabes. Les survivants se réfugièrent à l'est, dans l'antique
Amathonte, située à quelque huit kilomètres de là. Amathonte fut détruite à son
tour par Richard Cœur de Lion en 1191. Les descendants des réfugiés de
Théodosias et les habitants d'Amathonte pour la première fois privés de patrie
décidèrent de regagner l'ancienne Théodosias et de la reconstruire. Mais la
ville était vouée au malheur. Elle fut mise à sac en 1373, 1426 et 1570 par les
Génois, les Mamelouks et les Turcs respectivement. En 1584, un tremblement de
terre régla défitivement son sort. En 1815, Limassol n'était plus qu'un village
de 150 habitants.
Ce qu'il faut voir
Le château, dont la construction remonte au XIVe siècle,
s'élève aujourd'hui au centre de l'ancien quartier turc de la ville. C'est dans
la chapelle du château byzantin qui l'avait précédé que Richard Cœur de Lion
aurait épousé la princesse Bérengère de Navarre. Les remparts derrière lesquels
les Turcs s'étaient retranchés depuis 1570 ont dans la majeure partie résisté
au tremble.
ment de terre de 1584. La fortification a servi de prison
sous la domination britannique. Aujourd'hui elle abrite un musée de l'histoire
de la ville au Moyen Age. Depuis le toit, on jouit d'une vue superbe sur la
ville, le port et la mer.
Le musée archéologique régional, récemment ouvert rue Byron,
mérite absolument une visite.
Salle 1 (à gauche): entre autres, haches de pierre du
néolithique et du chalcolithique. Collection de céramiques chypro-géométriques
et archaïques de premier ordre, ainsi qu'objets de fouilles d'Amathonte et
Kourion.
Salle II .- en particulier, figurines de terre cuite, bijoux
en or (XVII e siècle avant J.-C. - IVe siècle après J.-C.).
Verrerie (du chypro-archaique à l'époque romaine). De très
nombreuses monnaies de la région de Limassol. Trouvailles récentes mises au
jour à Amathonte.
Salle III .- notamment deux colonnes d'Amathonte, VIe siècle
avant J.-C. Statues de Bès, génie égyptien présidant aux accouchements et
protecteur des lits et des chevets. Tête en marbre de la statue d'Aphrodite de
Kourion (IVe siècle avant J.-C.).
Mobilier funéraire. Partie inférieure d'une statue de marbre
représentant un homme les jambes croisées, provenant d'Amathonte, époque
hellénistique. Tête d'homme barbu de Phassoula (IVe siècle après J.-C.). Table
de marbre du temple d'Apollon de Kourion.
Le marché couvert de Limassol est le plus oriental et le
plus vivant de toute l'île. Il est situé en plein cœur de la ville.
Les environs de Limassol
Amathonte
(8 km)
De l'antique Amathonte, située à 8
km à l'est de Limassol ne subsistent que quelques
vestiges. Au-dessus des tombeaux pillés de ses nécropoles paissent aujourd'hui
des moutons et, du temple d'Aphrodite Armathusia et d'Adonis, chanté par
Catulle et Virgile, plus rien ne reste.
A une centaine de mètres du Beach Hotel d'Amathonte, situé à
l'emplacement d'une nécropole, à l'endroit où. la route Limassol-Nicosie longe
la côte en décrivant une courbe vers la gauche, s'élevait autrefois l'Acropole.
Celle-ci devait être couronnée du temple mentionné plus haut. Ici en 1886
furent mis au jour un vase de pierre mesurant de diamètre
(aujourd'hui au Louvre) et, dernièrement, le torse en pierre d'une femme
portant un collier. On peut voir encore assez distinctement les vestiges du mur
d'enceinte de l'Acropole (qui deviendra, ultérieurement le mur d'enceinte de la
vieille ville). Affleurant le sol de la ville basse d'Amathonte, qui tourne le
dos à la mer - en direction d'Ayios Thykonas - ainsi que le sol, à l'extrémité
de la nécropole orientale, deux basiliques paléochrétiennes (VI- VIIe siècle)
ont été mises au jour. Les fouilles de la ville basse ont permis de dégager des
colonnes du VIIe siècle avant J.-C.; celles-ci sont exposées au musée de
Limassol. Le port et une partie de la ville sont aujourd'hui engloutis sous la
mer.
Amathonte fut jadis l'une des neuf cités-royaumes de l'île
et - paradoxalement - fut la seule ville chypriote qui, au premier millénaire
avant J.-C., s'opposa farouchement à l'hellénisation com mençante. Quantité de
légendes et de mythes racontent la fierté d'Amathonte pour ses racines et son
culte. Aphrodite était ici vénérée sous une forme hybride, synthèse de la
divinité primitive d'Asie Mineure, la déesse-mère, perçue ici comme symbole des
deux sexes, des deux principes masculin et féminin, réunis en un dieu. Il
existe une statue d'Aphrodite Amathusia montrant la divinité sous les traits
d'un hermaphrodite barbu habillé de vêtements féminins, un sceptre à la main;
par ailleurs les chroniques rapportent l'échange de vêtements entre prêtres et
prêtresses dans le cadre des rituels du sanctuaire d'Amathonte, autre manière
de symboliser la double sexualité (hermaphrodisme ou androgynie) de la divinité
locale.
A l'époque classique Amathonte était célèbre pour ses
nombreux temples consacrés aux dieux de l'Olympe. Après les incursions arabes
du VIIe siècle, le noyau interne de la ville fut pourvu de 'fortifications et
reçut le nom de Kastro (château). L'année 1191 marque, avec le débarquement de
Richard Cœur de Lion, la fin d'Amathonte qui, assiégée et mise à sac pour la
première fois de son histoire, ne devait jamais se relever. Les survivants
prirent leurs biens et se rendirent à 8 km de là, dans la ville de Téodosias,
ancêtre de l'actuelle Limassol.
Kalavassos- Tenta
Entre les nécropoles d'Amathonte de Khirokitia ont été
dégagées, à lavassos-Tenta, les fondations de maisons circulaires (tholos) du
VIIIe millénaire avant J.-C. Une peinture le a été découverte dans une chambre intérieure;
elle représente figure humaine le bras levé.
Les fouilles archéologiques se poursuivent.
La péninsule d'Acrotiri
la péninsule d' Acrotiri se trouve la base militaire
anglaise du même nom. Mais seule est zone protégée la bande de terre qui s’étend
au sud de la localité d'Acrotiri La presque île offre un paysage contrasté: les
plantations d'agrumes alternent avec les vignes, celles notamment qui donnent
le célèbre vin de la« Commanderie ». La végétation luxuriante est entrecoupée
de chemins envahis par les herbes.
Il y a ici aussi un lac sale (le premier que nous avons
mentionné est situé à proximité de l'aéroport de Larnaka), qui offre en été une
image désolée. Le décor change à vue avec les premières pluies et pendant six
mois de l'année, le lac est le rendez-vous des flamants roses et des oiseaux
migrateurs.
La plage de Lady's mile: sur la côte orientale de la presque
île s'étend la belle et longue plage de sable, dite plage de Lady's mile, d'où
l'on aperçoit Limassol et le mont Troodos. La plage est, en fin de semaine,
très fréquentée.
Le château de Kolossi (11 km)
Le château de Kolossi qui s'élève à 11 km à l'ouest de Limassol
fut, à l'époque des Lusignan (1192-1489), le siège des Templiers, puis celui
des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Les deux ordres, à l'origine,
établis en Terre sainte pour protéger et soigner les pèlerins chrétiens,
avaient acquis des fractions considérables du territoire chypriote, constituant
pour eux une éventuelle base de repli. Celle-ci s'avéra effectivement des plus
appropriées lorsque les premiers signes du fiasco des Croisades commencèrent à
se manifester en Terre sainte, tout donnant à penser - du moins de ce côté-là
de la Méditerranée
- que la Guerre
sainte allait tourner court. L'ordre des Templiers disposait de richesses
considérables lorsqu'il s'établit dans l'Île.
Mais le malheur ne devait pas tarder à frapper l'ordre et sa
fortune immense. Le pape Clément V et Philippe le Bel, roi de France, mirent
sur pied une nouvelle croisade qui - cela devait bientôt se savoir -
s'intéressait moins aux lieux saints qu'à la fortune des chevaliers Templiers.
Philippe le Bel fit en effet arrêter tous les Templiers qui, au lendemain de la
chute de l'empire latin d'Orient en 1291, s'étaient concentrés en
Chateau de Kolossi
France. Il les fit jeter en prison et les traduisit devant
un tribunal de Dominicains qui les condamna d’hérétiques en 1309 et les fit
briller vifs sur le bûcher. L'accusation reposait essentiellement sur l'adoration
supposée d'une idole païenne (torturés, les Templiers firent les aveux les plus
extravagants) qui est peut être cette mystérieuse pierre noire provenant du
sanctuaire d'Aphrodite qui se trouvait à l'époque à Paphos, non loin du château
des chevaliers Templiers. Lorsque les richesses de l'ordre monastico-militaire
eurent gagné les caisses du royaume de France, lorsque ses frères eurent, l'un
après l'autre, été suppliciés et que le Grand Commandeur eût lui-même été
brillé vif sur le bûcher à Paris, en 1314, les Hospitaliers vinrent résider au
château de Kolossi, ancien siège de:
Templiers à Chypre, ou ils se main tinrent fort longtemps,
alors même que l'ordre établissait ses quartier> généraux à Rhodes. Ils
œuvrèrent à la mise en valeur du sol autour du château de Kolossi, plantèrent
la canne à sucre, le maïs et les oliviers.
Dans le voisinage immédiat du château s'élèvent aujourd'hui
encore les vestiges d'une fabrique de sucre et d'un moulin. Grâce aux
Hospitaliers, les Templiers sont restés présents dans l'île, grâce à la plus
noble de leurs productions, le vin appelé Commanderie (Commandaria), qui est
aujourd'hui encore le plus fameux des vins chypriotes.
Le château que l'on voit aujourd'hui fut construit en 1454
après J.-C. Il mesure 25
mètres de hauteur, et ses murs d'une épaisseur de près
de trois mètres sont dans un remarquable état de conservation.
L'édifice est de section carrée, depuis la cave au troisième
et der.lIier étage; il est, à chaque niveau, devisé en deux grandes salles.
L'ascension jusqu'à la terrasse est gratifiée par une vue magnifique sur la rêgion.
Episkopi (2 000 hab.)
A Erimi, située à 3 km à l'ouest de 1 Kolossi, la route traverse
le Kouris, ruisseau asséché en été. Si l'on souhaite visiter le musée de
Kouton, il faut dans le village d'Episkopi, tourner à droite après le pont et
suivre les panneaux indicateurs. Dans une ravissante maison de campagne sont
réunies les trouvailles des fouilles de Kourion, Erimi, Bamboula et Kaloriziki.
Cette visite complète agréablement celle du site de Kourion.
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